À 34 ans, l’itinéraire professionnel de Lena Sène a suivi une trajectoire fulgurante. Métisse sénégalo-ukrainienne née sur le sol américain, cette dirigeante sénégalaise a pris la direction de la campagne présidentielle de l’ancien premier ministre sénégalais, Idrissa Seck, après être passée par JP Morgan, Lehmann Brothers et la Maison Blanche.
UN MÉTISSAGE RÉUSSI peut rapidement prendre des allures de conte de fées, propice au storytelling dont sont tant friands les conseillers en communication. Née aux Etats-Unis, de mère ukrainienne et de père sénégalais, Lena Sène empile les langues et les diplômes prestigieux (Harvard Business School et Bates college) sans difficulté apparente. Lena Sène semble avoir vécu ce mélange de façon harmonieuse, presque naturelle.
Je ne fais pas partie de ces métis qui ont perdu leurs racines
Point de dilemmes dans l’éducation de Lena Sene. « On voit beaucoup de métis qui perdent leurs racines, moi je n’en fais pas partie parce que toute petite, mes parents nous ont inculqué l’amour de notre patrie et de nos langues. A la maison, on fêtait aussi bien les fêtes chrétiennes que musulmanes.» Dotée d’un passeport américain, parlant couramment wolof, anglais et français, Léna Sene souhaite jour un rôle majeur sur la scène politique du Sénégal. « C’est vrai que cela fait 16 ans que je ne vis pas en permanence au Sénégal, mais je suis une femme sénégalaise de la Diaspora et je suis attachée à ce qui se passe dans mon pays. »
Son entrée dans la joute politique se fera de manière fracassante. A l’automne 2011, l’ancien premier ministre du Sénégal, Idrissa Seck, la recrute comme directrice de campagne présidentielle. La métisse prend immédiatement la mesure du job, ignorant les multiples chausse-trappes du marigot politique et devient la sensation de ces mois d’intenses combats politiques.
Lena, son frère et sa soeur sont nés sur trois continents différents
Revenons sur un destin unique. Née le décembre 1977 à l’hôpital de l’Université de Georges Town de Washington, de père sénégalais et de mère ukrainienne, sa vie s’annonçait déjà peu commune. Ses parents Ibrahima Sène et Valentina Yakovenko se sont connus à l’Académie des Sciences Agricoles de Timiriazev de Moscou en Agronomie en 1968 avant de se marier en 1970 . Oumy Séne naquit d’abord de cette union en 1972 à Moscou; puis vint Lena à Washington donc en 1977 et Maxime Séne en 1985 à Kaolack au Sénégal. Trois enfants nés sur trois continents. Tout un symbole.
Les influences sont multiples pour Lena. La Russie et l’Ukraine bien évidemment par le biais de sa mère, dont l’aura est grande auprès de sa fille. La langue d’abord, la cuisine ensuite et surtout les principes. « Sa maman l’a prise en main. C’est sa confidente. Elle lui a donné une bonne éducation. Vous devinez facilement qu’une belle fille comme ça à un certain âge, doit avoir un certain caractère pour échapper à certaines déviances », confesse volontiers son père Ibrahima Sène, 36 ans d’opposition, le chargé des questions économiques du Parti de l’indépendance et du travail (Pit). Lena Sène grandit dans une ambiance intellectuelle, où les débats fleurissent à la maison. Ibrahima Sène est plutôt un grand idéaliste qui chérit les principes alors que maman manifeste plus de pragmatisme. Valentina Yakovenko s’est d’ailleurs adaptée de main de maitre au Sénégal : elle maitrise aussi bien le wolof, le français et s’essaie au peul.
De toutes, l’influence sénégalaise reste prédominante. Lène connait d’ailleurs le pays de le Téranga comme sa poche. Elle l’a parcouru très tôt au gré des mutations de ses parents fonctionnaires. De Bambey à Kolda, de Ziguinchor à Kaolack, en passant par Thiès, où elle ira à l’école primaire et au collège avant d’obtenir son baccalauréat à Dakar.
Moment où intervient l’appel des Etats-Unis, qui vont jouer un role fondamental dans son parcours. Un couple americain d’amis d’études de son père, Patrick et Valérie Kelly, avait proposé de l’accueillir chez eux, à Portland, pour l’encadrer dans la poursuite de ses études supérieures. C’est ce qui ramena Lena aux Etats Unis où son destin se cristallisa. Après avoir décroché un Bachelor au prestigieux Bates College, Lena Sene fut recrutée par JP Morgan, où elle travailla pendant quatre ans avant de partir dans la défunte banque d’affaires Lehmann Brothers. le destin de la brillante métisse s’accelera brusquement quand elle réussit un prestigeux concours d’accès la Maison Blanche.
Un an à la Maison Blanche
Le prestigieux programme (Fellows) fondé en 1964 par le Président Lyndon B Johnson consiste à sélectionner au niveau le plus élevé du gouvernement fédéral, les meilleurs américains. Seuls 13 candidats sur six milles sont retenus. Les lauréats travaillent avec la haute administration américaine et sont testés au quotidien. L’ex-secrétaire d’Etat Colin Powell fait entre autres partie des américains qui ont été propulsés par ce Programme
Mais, après sa brillante sélection à la Maison Blanche, qu’elle passa au département des affaires urbaines, Lena Sene décida d’effectuer un MBA à la Harvard Business School. Un brillant diplôme de plus dans ce parcours sans fautes. Jusqu’au retour au Sénégal et à cette épreuve de taille : la présidentielle sénégalaise. Parviendra-t-elle à pousser son Pygmalion au sommet de l’Etat ? Première réponse le 26 février.